Travailler sur les consignes : I. Le tour d’horizon

J’ai décidé de commencer l’année 2014-2015 par un travail sur les consignes. Cette décision m’a d’abord donné l’occasion de fouiller un peu sur le net autour de la question, car je me disais que je trouverais peut-être une activité toute prête, servie clé en main des idées de collègues qui m’inspireraient.

 

Pour voir directement le travail que j’ai élaboré, passer au volet 2 de l’article, ici : Travailler sur les consignes : II. La mise en application

Pour la version longue : ci-dessous, le tour d’horizon mixte (de mes trouvailles sur le net et de ma vision du problème)



 

 Un peu de lecture théorique

Qu’est-ce qu’une consigne ? Pour Jean-Michel Zakhartchouk, une consigne, c’est une forme linguistique que l’on travaille nécessairement pendant le cours.

* Article de 2008 sur Le Café pédagogique d’Adeline Sontot : Lire, comprendre et interpréter une consigne

Extrait intéressant:

Plusieurs solutions sont formulées par les pédagogues :

– donner des consignes standardisées (au risque de leur apprendre des automatismes au lieu d’une vraie méthode),

– donner une seule consigne à la fois (à nuancer, car le jour du baccalauréat, toutes les consignes sont écrites et l’élève se retrouvera seul devant sa copie),

– analyser des énoncés de toutes les matières (souligner les mots importants, faire reformuler des énoncés mathématiques en cours de français),

– travailler sur des textes injonctifs (recette de cuisine, mode d’emploi, notices techniques)

– travailler le vocabulaire et la grammaire spécifique


* Le mémoire de stage de Marina Bourgeois (datant de 2006) : Aider les élèves à mieux comprendre les consignes

Types de consignes :

– consigne orale, éphémère, qui disparaît dès que formulée / consigne mimée (gestuelle de l’enseignant) >< consigne écrite qu’il n’est pas nécessaire de mémoriser / consigne visuelle (pictogramme), fréquente en maternelle

– consigne à l’impératif (« Relève les verbes de ce paragraphe ») >< consigne à forme interrogative (« Quels sont les verbes de ce paragraphe? »)

– consigne simple (un seul verbe, une seule tâche) >< consigne multiple (au moins deux tâches)

– consigne ouverte (« à guidage faible ») >< consigne fermée (= « à guidage très fort »)

Mais aussi, d’après la typologie de J.M. Zakhartchouk

– consignes-buts, qui fixent un objectif à atteindre (ex: dégagez les caractéristiques du personnage)

– consignes procédures, qui indiquent le cheminement obligatoire ou possible pour atteindre l’objectif (ex: entourez les pronoms dans le texte)

– consignes de guidage, qui attirent l’attention des élèves sur un point précis et mettent en garde contre d’éventuelles erreurs (ex : veillez à ne pas confondre, observez, regardez attentivement)

– consignes critères, qui définissent les critères de réussite d’un travail en décrivant le résultat attendu (ex: Présentez sous la forme d’un texte rédigé…)

 Selon Jacques de Vardo :

– consignes avec verbes qui induisent une trace de signalement graphique précise (barrer, cocher, encadrer, entourer, relier, souligner, tracer…)

– consignes avec verbes qui valident la maîtrise de compétences intellectuelles traduites par des traces graphiques diverses (chercher, citer, comparer, effectuer, nommer, ranger, remplacer, choisir, classer, compléter, relever, indiquer, trouver…)

On peut aussi citer le mémoire d’Isabelle Gregori (2005) : Comment améliorer la compréhension des consignes ? ou bien l’article de Philippe Wattrelot sur Les Cahiers Pédagogiques : Travailler sur les consignes en formation (« pistes d’activités pour montrer la difficulté et la nécessité de veiller à l’explication des consignes »).

Bien entendu, il s’agit d’une liste non exhaustive…



 Pistes et idées concrètes  glanées à gauche à droite

* Quelques pistes pour enseigner la lecture de consignes, par Jean-Michel Zakhartchouk, datant de 2004.

Extraits :

A propos de la démarche :

– Ce thème de travail est une composante incontournable de toutes les activités de soutien et remédiation, de toute aide méthodologique.

– Notre objectif, en travaillant sur les consignes, est bien de développer les « bons comportements » devant une tâche donnée. Il s’agit de les faire mettre en œuvre dans le cadre de la classe, en espérant un transfert lors de travaux à la maison et lors d’examens.

S’engager dans un enseignement stratégique de lecture de consignes est un long voyage qui n’aura pas vraiment de fin. Il s’agit là de permettre à des élèves de s’approprier des « postures » devant ces consignes écrites qui les entourent.

– mettre en place un véritable enseignement méthodologique mais aussi « stratégique » en conjuguant des activités méta et un entraînement aux bons automatismes, sans jamais opposer ces deux composantes de l’apprentissage. Ce travail se situe tout autant en cours ordinaire que lors d’activités spécifiques.

– Le but est toujours, sous une forme souvent attractive, de faire entrer les élèves dans le monde des consignes.

– A côté du travail occasionnel, quand on rencontre des consignes un peu complexes, il doit y avoir une place pour un travail systématique.

Exemple de mise en application :

– En partant de consignes concrètes à traiter par les élèves, on invite ceux-ci à se poser toute une série de questions :

– Suis-je capable de me redire mentalement la consigne, afin de me l’approprier, de l’intérioriser, en la répétant ou en la reformulant dans mon langage intérieur?

– Pour traiter cette consigne, de quelles ressources dois-je disposer (savoirs antérieurs, habiletés , données présentes dans l’énoncé ou documents à aller consulter ailleurs, etc.) ?

– N’y aurait-il pas intérêt à décortiquer la consigne, en dégageant les mots importants, en relevant les verbes de consigne. On s’intéressera aussi à la forme de la consigne, en n’oubliant pas d’inclure la forme interrogative ( toutes ces fausses questions que pose le professeur et dont il est clair qu’il connaît la réponse).

Autre exemple :

– Très concrètement, on peut faire remplir par les élèves un tableau à partir de quelques consignes :

– De quoi as-tu besoin pour répondre à cette consigne ?

– Quel est le verbe de consigne ?

– Combien de temps vas-tu mettre ?

– Quelle est l’intention du professeur en te donnant ce travail à faire ?

– A quoi va « ressembler » ta réponse ?

Autres propositions :

retrouver la consigne manquante : demander aux élèves d’adopter une démarche inhabituelle, à savoir trouver la question à partir de la réponse, se mettre à la place de l’autre pour mieux comprendre ses intentions et revenir mieux armé à « sa » place de lecteur de consignes.

classer les consignes selon plusieurs critères : activités toujours très riches et formatrices. Elles vont prendre diverses formes. Il est intéressant précisément de faire apparaître la grande variété des critères possibles de classement. Certaines consignes demandent une réponse brève, d’autres une réponse longue, argumentée, construite. On peut faire apparaître les différences entre questions selon que la réponse est dans le texte, immédiatement, ou de par une nécessaire construction [déduction] du lecteur, ou est ailleurs que dans le texte. Ces activités s’accompagnent de moments de récapitulation et de structuration.

inventer des consignes : mettre les élèves en position d’inventer d’eux-mêmes des consignes. Exercice qui peut prendre des formes ludiques. Les élèves peuvent mieux percevoir le sens de ces consignes, les compétences qu’elles mettent en œuvre.


* Dans ce document de l’académie de Grenoble pour les PPRE au collège, quelques idées me plaisent parmi les pistes données par le groupe de travail pour aider à la compréhension (liste non exhaustive) :

– décomposer les différents éléments de la consigne en une suite de tâches à accomplir

– donner, quand c’est possible, des synonymes aux actions demandées par la consigne

– faire reformuler la consigne « je dois… »


* D’autres exemples d’exercices (lire les consignes et identifier le nombre de choses à faire, associer ce qui signifie la même chose, compléter les consignes avec le verbe manquant, liste non exhaustive) dans le module Compréhension de consignes, CM1, de l’Ecole Pierre et Marie Curie de Woippy (57) dans l’Académie de Nancy Metz, version PDF, pages 4,5,8,9 en particulier.


* Beaucoup d’idées dans le travail très complet et conséquent de Sylvain Obholtz pour le premier degré « Devenir autonome face aux consignes écrites»



  Documents d’application que j’ai utilisés

– un travail croisé entre deux professeurs de langues (allemand et anglais), pour un public de collège, disponible en version PDF, dont j’ai repris les illustrations

– une liste de consignes de classe (ici, en anglais, proposée en version écrite et audio), élaborée par un groupe de travail en Langues vivantes dans le premier degré de l’académie de Grenoble

– les idées d’activités et quelques-unes des illustrations du travail très complet et conséquent de Sylvain Obholtz pour le premier degré

– une fiche de consignes par Mitsouko au CP

– La fiche numéro 1 de la liste de documents en rapport avec les consignes du blog Documents Liens pour la Classe (DLPC)

– des éléments méthodologiques prévus pour le bac d’anglais : des exercices de vocabulaire réalisés avec Hot Potatoes, des exercices « Lire les consignes le jour du bac », une synthèse (liste) de vocabulaire de consignes, une liste de 100 bonnes questions à se poser sur l’épreuve de compréhension écrite du bac, une fiche méthode « Conseils de dernière minute », les conseils généraux pour la C.E. par les Anglonautes…



Ma vision du problème :

Tableau difficultés remédiations



Dans la pratique :

Voir ce que j’ai élaboré pour mes élèves de lycée dans la partie suivante de l’article :  Travailler sur les consignes : II. La mise en application

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