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Découvert aujourd’hui : Qantara – Patrimoine méditerranéen, une « base de données consultable sur Internet et proposant une vision transversale du patrimoine culturel méditerranéen » de l’Antiquité tardive à la fin du XVIIIeme disponible en français, arabe, espagnol et anglais.

De nombreux articles relatifs à des thèmes très variés (Commerce, vie religieuse, transmission des savoirs, Arts de l’écriture, Diplomatie, guerre, pouvoir, littérature, trésors, architecture et espace urbain, formes et motifs, vie de cour et art de vivre)

En guise d’exemple :

  • Hippocrate et la médecine hippocratique

(source : Qantara, tous droits réservés)

« Hippocrate (460 – 370 av. J.-C.), qui vécut à l’apogée du siècle de Périclès et de la démocratie athénienne, est considéré comme le Père de la Médecine. Il fit de celle-ci une discipline à part entière, dégagée des croyances magiques. Il réalisa la synthèse des connaissances médicales de son temps et posa les fondements de la thérapeutique moderne. « Le serment d’Hippocrate » qui impose au médecin le respect du malade, reflète l’exigence de sa conscience. […] Pour Hippocrate, l’Homme est un résumé de l’Univers. Toute maladie est la conséquence d’un déséquilibre entre les quatre Humeurs qui parcourent le corps, traduction organique des quatre Eléments formateurs du monde : Feu Air, Eau, Terre, dotés de leurs qualités propres. Ces mêmes qualités se retrouvent dans les Humeurs corporelles : l’atrabile est sèche et chaude, le sang, chaud et humide, la lymphe, humide et froide, la bile, froide et sèche. En cas de maladie, la médecine hippocratique cherchait à rétablir leur équilibre. Sa médication s’orientait souvent vers une diététique, d’autant plus que la prédominance d’une de ces Humeurs déterminait le tempérament. » lire la suite

  • La théorie des Humeurs

( source : Qantara, tous droits réservés)

« La médecine ancienne, occidentale ou arabe, repose sur la théorie des Humeurs, telle qu’elle apparaît chez Hippocrate (460-370 av. J.-C.), et chez Galien (131-201 apr. J.-C.). Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que cette doctrine cède la place à la médecine moderne.

Les quatre éléments principiels qui sont à l’origine du monde, le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre, doté chacun de deux qualités propres, sont présents dans le corps humain sous forme d’Humeurs. Le Feu, sec et chaud, est transmis par la bile jaune secrétée par le foie. L’Air, chaud et humide, est porté par le sang. L’Eau, humide et froide, correspond au phlegme (ou lymphe), et se rapporte au cerveau. Les qualités de la Terre, froide et sèche, sont communiquées par la bile noire (atrabile), issue de la rate. La santé du corps et de l’âme résulte de l’équilibre de ces Humeurs. La prédominance de l’une d’entre elles détermine le tempérament. Un homme est dit : « bilieux, sanguin, flegmatique, atrabilaire ».

D’où vient cette spéculation sur les Eléments ? D’Orient probablement. On la trouve énoncée chez les philosophes ioniens d’Asie mineure, peut-être par contact avec l’Egypte et la Babylonie. Pour Thalès de Milet (639-544), c’est l’Eau qui est au commencement de tout, pour Héraclite d’Ephèse (556-460), c’est le Feu. Ces matières principielles, encore considérées sous leur aspect physique, sont repensées en valeurs qualitatives et numériques par Pythagore (580-489), au sud de l’Italie. Les Quatre Eléments sont intégrés au triangle causal formé de dix points, la tétractys.

Ils en constituent la base, déjà tournée vers le monde sensible. Empédocle d’Agrigente (504-443), synthétise ces divers courants et ajoute deux puissances : l’Amitié et la Haine, l’attraction et la répulsion, énergie qui se conserve toujours. Ces principes fondateurs ont également suscité la vie affective et morale. D’autres influences  sont peut être intervenues. Platon, dans le Timée, explique l’équilibre corporel par trois substances essentielles, air, phlegme et bile, doctrine classique dans la physiologie indienne. Hippocrate utilise donc une théorie ancienne, rattachant la médecine à la philosophie.

Tout un système thérapeutique en découle. On corrige l’excès d’une Humeur par des purges, des saignées, des diètes. Comme la digestion est « une coction » sécrétant des Humeurs, le médecin préconise une alimentation s’accordant au tempérament du malade, mais aussi à son âge et qui vise à rétablir l’équilibre interne par l’apport de qualités complémentaires. Chaque aliment est classé en fonction de ses vertus froides ou chaudes, sèches ou humides. Il en est de même pour les substances médicinales, en particulier les plantes.

A l’époque romaine impériale, Galien fait intervenir des concepts pythagoriciens : Harmonie universelle, mystique des Nombres. Il classe les médicaments en « simples ou composés » et leur attribue quatre degrés d’intensité. Les choses « non naturelles », facteurs pouvant agir sur la santé sans faire partie des mécanismes du corps, sont au nombre de six : l’air ambiant ; la nourriture et la boisson ; l’excrétion et la rétention ; le mouvement et le repos, le sommeil et la veille ; les réactions psychologiques. Les fonctions organiques, le sang notamment, sont mues par des esprits vitaux, expressions d’un pneuma animant l’ensemble du corps et qui place l’homme au centre d’un vaste réseau de correspondances cosmiques. Parmi les très nombreuses classifications de Galien, celle des quatre tempéraments devient une des bases de la médecine.

On sait l’influence considérable de la théorie des humeurs chez les Arabes. Tous les grands médecins-philosophes, al-Râzî, al-Majûsî, Ibn Sînâ, Ibn Rushd, la reprennent et l’approfondissent. Elle aura une très grande résonnance sur la médecine médiévale européenne. En France, elle sera une dernière fois défendue par le biologiste Auguste Lumière (1862-1954). »

Bibliographie indiquée :

Garrison F. H., History of Medicine, Philadelphia 1929, p. 79-116
La Médecine au temps des Califes, catalogue IMA, Paris, 1996. Cf. Danielle Jacquart et Françoise Micheau, « La médecine arabe, une science dans le sillage de la philosophie », p. 55-59 ;  et Danielle Jacquart : « Les choses non naturelles », p. 173 -177.
Dumont J. P., Les écoles présocratiques, Paris, 1991, cf. « Introduction », p. III- LXVII
Lévêque P., L’Aventure Grecque, Paris, 1964, p. 300 et p. 706
Schwaller de Lubicz R. A, Le Miracle Egyptien, Paris, 1963, p. 93

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